Isla arrive ! Place aux Moldus

Dans la campagne écossaise, une jeune femme tente vainement de se réchauffer avec une tasse bouillante de chocolat. Le vent automnal souffle dans les feuilles orangées des arbres, en décroche quelques unes qui viennent danser dans la brise. Cette année encore sa campagne sera la plus belle.
- A quoi penses-tu Isla ?
- A beaucoup de choses…
- Et veux-tu en parler à ton vieux père ?
Il lui semble que c’était encore hier qu’elle avait reçu son premier hibou, à tout juste 11 ans.


Isla était assise sur le muret de pierre qui encercle la ferme. Elle buvait un chocolat chaud, comme chaque jour pour le goûter. Son père l’avait rejoint avec une assiette de biscuits, encore tout chauds et moelleux. Ils s’étaient assis côte à côte et avaient écouté les bruits de leur campagne. Le vent dans les branches, leur amenant les odeurs de l’hiver qui commence, les oiseaux qui volent bas, le clapotis de l’eau dans la marre, le bruissement de l’herbe au passage des animaux craintifs, le meuglement d’un veau. C’est alors qu’elle avait entendu un son plus mâte, plus ample. Le battement d’ailes d’un grand oiseau. Un hibou piquait droit sur le grand arbre au milieu du jardin et se posa paresseusement sur la branche la plus basse. C’est son père qui avait remarqué en premier la lettre que portait l’oiseau dans ses serres. Une enveloppe en parchemin frappée d’un cachet de cire rouge. Personne chez elle n’avait comprit de quoi il en retournait, Isla, une sorcière ! Mais la petite fille, elle, savait.
Quand elle avait huit ans, elle était allée passer ses vacances chez ses grands-parents maternels à côté du Lac Marlee, comme souvent durant l’été. Pendant le séjour elle avait attrapé un de ces rhumes qui vous clou au fond du lit pendant deux semaines. A chaque éternuement Isla changeait de couleur de cheveux. Ses grosses boucles châtaines viraient au roux, au blond et de manière plus drôle au vert ou au rose. Sa grand-mère s’en était beaucoup amusée. C’est ce jour qu’elle apprit que sa mamie était une sorcière. Elle avait étudié à Poudlard et avait finalement tiré un trait sur cette vie quand elle avait rencontré son mari, simple moldu. Son unique fille était née carcmol et elle n’avait pas cherché à lui apprendre quoi que ce soit sur ce monde, étant amplement satisfaite de sa vie actuelle. Sa grand-mère lui avait fait promettre de ne rien dire à qui que ce soit de ce qui c’était passé et Isla jura.
- Croix de bois, croix de fer.
Mais cela ne l’empêcha pas de s’entrainer à ces changements capillaires en cachette de ses parents.


En allant faire les courses à Edimbourg avec sa mère, la jeune fille était entrée dans un univers qu’elle n’aurait jamais pu inventer malgré son incroyable imagination. Dans la rue marchande, les gens déambulaient dans des habits farfelus, des lettres volaient en alignement, des enfants couraient en mangeant des sucettes qui changeaient de forme et de couleur. Elles avaient dû demander plusieurs fois leur chemin. Certaines personnes répondaient gentiment en rigolant et d’autres les regardaient de hauts avec une grimace de dégoût. A la fin de la journée, la chambre de la jeune fille était remplie de livres, une robe était pendue à un cintre, un chaudron patientait sur le bureau à côté d’une boite toute en long contenant une baguette en bois d’if raffiné. Isla s’était couchée à côté de la cage de sa chouette rayée, des étincelles plein les yeux.


Le premier jour à l’école avait été encore plus exceptionnel. Le choipeau avait à peine touché la tête bouclée de la jeune fille qu’il annonça à l’assemblé, d’une voix rocailleuse.
- Pouffsouffle !
Une des quatre grands tablés s’était mise à hurler et à taper des mains. Ce soir là, Isla avait parlé à des fantômes et à des tableaux. Elle avait dormit non loin des cuisines et avait été réveillée par une délicate odeur de pain grillé et de citrouille. Les journées qui avaient suivies, elle les avait traversées comme un rêve. Elle dormait peu et cherchait toujours à en voir plus, à en apprendre plus. Ce monde était si différent du sien. Pourtant elle n’avait jamais vraiment aimé travailler, les maths étaient sa bête noire, encore plus que l’orthographe.


A 18 ans, elle quitta Poudlard avec de très bons résultats à ses ASPIC, lui ouvrant les portes de nombreux postes intéressant dans la société magique. Hors après son diplôme, elle retourna vivre en Ecosse. Elle aida ses parents à la ferme en jetant quelques enchantements de ci, de là, et repris goût à la vie moldue. C’est suite à cela qu’elle décida de partir à Dundee, pour étudier dans une des meilleures universités d’Ecosse. Par chance le doyen de l’Université était marié à une sorcière, journaliste à la gazette du sorcier. Isla envoya en premier lieu un courrier à Dumbledor lui demandant une lettre de recommandation. Le directeur lui fit tout de même passer un examen pour évaluer ses compétences, qu’Isla réussi haut la main. Elle pu rapidement rejoindre les bancs de la faculté.
La jeune femme poursuivit ses études en partant étudier à Londres, où elle devint professeur, puis à Paris, où elle rencontra plusieurs étudiants venant de Beaubâton, intrigués par la vie moldue. La jeune enseignante avait vécu dans la société moldue et dans la société magique. Mais ses pas semblaient toujours la ramener du côté magique de sa vie.


Isla sort de ses souvenirs et sourit à son père. 25 ans sont passés depuis que le premier hibou s’est posé sur le grand arbre du jardin. De nombreuses rentrées sont passées et encore plus l’attendent. Une femme, les cheveux châtains parsemés de mèches grisonnantes, sort de la maison, un plateau de biscuits à peine tièdes entre les mains. Elle s’assit à côté de sa fille, lui offrant d’un sourire un gâteau. La jeune femme commence à grignoter son biscuit, le trempant au préalable dans son breuvage lacté refroidit.
- Ma chérie, nous sommes très fiers de tout le chemin que tu as parcouru et nous espérons que cette nouvelle année t’apportera encore beaucoup de bonnes choses.
Le père d’Isla sort de derrière le banc une grande boite en carton surmonté d’un ruban vert émeraude.
- Isla, joyeux anniversaire et félicitation pour ton poste de professeur à Poudlard.
La jeune fille enfoui le reste de biscuit dans sa bouche et attrape la boite. En l’ouvrant, ses grands yeux d’enfants se mettent à briller. Une sublime trottinette orange aux larges roues grises repose sur un coussin de papier journal.