Vestnitsa - Chouette de Vassili Aleksandrovitch Slezniov

La chouette se pose avec douceur sur mon avant bras, en silence. Ses yeux noirs me fixent avec insistance, alors que je lui caresse doucement la nuque. Mes doigts glissent sous son plumage, blanc strié de noir. C'est un masque qu'elle semble porter, un masque de fines plumes grises, qui lui creusent doucement les orbites, et qui soulignent son petit bec doré. Vestnitsa, Vestnista, ma messagère, toi qui vole au clair de lune, déployant tes larges ailes, quelles nouvelles m'apportes-tu du vaste monde ?

Tu m'as toujours retrouvé, à travers le vaste monde. Fidèle et discrète, brave et agressive, qui ne te connais nulle autre allégeance qu'à moi. Que l'on t'attaque, et tu répliqueras, que tu doives accomplir ta tache et tu disparaîtras, pour me rejoindre. Tu n'es qu'une messagère, un point de détail, toi qui hulule doucement dans les ténèbres, chasseuse implacable, libre mais toujours à mes côté quand j'ai besoin de tes services.

Vestnitsa, ma Vestnitsa, quelle est cette lettre que tu tiens en ton bec ? Dépose-la moi, ma mutique campagne, donne moi de ces nouvelles, bonnes ou mauvaises, et va vivre ta vie, fière et sauvage, toi qui a l'air des montagnes de l'Oural qui porte tes ailes, et le sang de Russie qui t'irrigue comme la Volga irrigue nos terres. Nous sommes fiers et indépendants, tous deux, mais sitôt que j'aurai appliqué mon sceau sur le parchemin, apposant ma marque d'ambassadeur ou la griffe des Slezniov, je sais que tu seras déjà là, à m'observer de tes yeux de ténèbres, prête à t'envoler au loin, partout où te conduira ma volonté.

Vole, Vestnitsa, vole...