"Tout doit être absolument parfait"
Si vous saviez le nombre de fois où Ida Thorsen avait entendu sa mère prononcer cette phrase. Madame Olga Thorsen avait une certaine manie ; tout devait être parfait, tout devait filer droit, aucun cheveu ne devait dépasser. Madame Olga Thorsen est née Olga Hansen, une famille au sang pur de Norvège assez réputée, dès la naissance de celle-ci, le mariage avec le jeune Mikkel Thorsen était déjà assuré. On ne perdait pas de temps, ni chez les Thorsen, ni chez les Hansen. Il était donc évident que le fruit du mariage de mademoiselle Hansen et monsieur Thorsen ferait de même, elle ne perdrait pas son temps.
Pourtant, Ida ne fut pas promise en mariage à peine née. Les familles au sang pur était moins nombreuses, moins archaïque, avec les années, ces familles trouvaient moins étrange d'épouser sang-mêlé ou né-moldu, pire aux yeux des Thorsen, des moldus. Traîtres à leur sang, n'avaient-ils donc aucune valeur, aucune estime d'eux et leur famille ? Il ne restait qu'une famille pratiquant encore les mariages arrangés, mais cette famille était en conflit avec les Thorsen et Hansen depuis des années. La famille Strøm était une famille en perpétuel conflit avec les Thorsen, par simple jalousie et envie de faire toujours mieux que les voisins, force était de constater qu'ils n'auraient tôt ou tard plus le choix que coopérer, les autres familles étaient, à leur yeux, devenus trop douteuses, leur origines étaient de moins en moins clairs.
A la naissance d'Ida, celle-ci semblait presque parfaite aux yeux de Mme Thorsen. Ni trop grasse, ni trop fine, un peu trop rouge les premiers jours, une chevelure sombre comme celle de Mr Thorsen. On dit souvent que tout enfant est parfait aux yeux de ses parents, vous vous trompez. Tous les enfants ne sont pas parfaits aux yeux de leur parents. Au moins, c'était une fille, mais une fille, cela ne transmettait pas un nom. Il n'y aurait pas l'héritage du nom Thorsen à travers la petite Ida. Elle avait au moins le sang-pur et serait suivi de près, aurait les meilleurs professeurs. Mais elle ne transmettrait pas le nom de son père et c'est en cela que Mme Thorsen ne trouvait pas sa fille parfaite. Ce presque, cette faute. Cela c'était joué de peu pour toucher la perfection dont avait rêvée mme Thorsen. L'ironie était que mr Thorsen, lui, s'en moquait bien, il avait un enfant au sang pur et c'était le plus important, quelqu'un avec son nom, fille ou garçon. Un enfant en bonne santé qu'il pourrait guider sur le chemin de la grandeur.
Ida s'était montré être un bébé des plus actifs. Elle bougeait beaucoup, pleurait beaucoup, ses premiers rires se faisaient entendre dans les salles où elle se trouvait - la petite fille trouvait l'écho de son rire d'autant plus drôle - et cela avait le don d'hérisser le poil de mme Thorsen, habituée au calme, aimant le calme. Leur elfe de maison avait souvent pour but de calmer les crises de rire d'Ida ou ses crises de larme, la calmer aussi plus simplement, sans toute fois la toucher, l'elfe devait ruser. Ida se prenait d'affection pour cet elfe de maison, si étrange et caractériel soit-il.
A ses cinq ans, elle savait presque lire. On l'entraînait chaque jour à commencer à lire, estimant qu'en sa qualité de sang pur, elle était plus douée que les autres et que cela devait se ressentir. Son père lui offrait même un balais, volant à hauteur de genou d'adulte, un jouet qui devenait vite le meilleur ami de la jeune fille. Mais à cinq ans, ce fût aussi et surtout l'âge où les cheveux de la jeune fille se mettaient à changer pour un étrange rouge, sous une colère lorsqu'on lui confisquait ce balais. Cela était le début de nombreuses choses pour la jeune fille mais surtout de la découverte de ses dons.
" Un balais dans une maison ? C'est impensable, irresponsable, indigne ! "
Avait déclaré mme Thorsen. Mr Thorsen ne partageait pas son avis, mais c'était mme Thorsen qui érigeait ses règles à la maison et mr Thorsen devait s'y faire.
Au fil des années, la jeune Ida apprenait à modifier certaines parties de son corps. Elle apprenait pourquoi ses cheveux changeaient de couleur selon si elle était triste ou en colère, et bien vite, la jeune fille s'amusait à changer son visage pour ne pas être reconnue de ses parents. Et cela fonctionnait, au grand désespoir de sa mère qui en avait vite assez des tours de passe-passe de sa fille. Son père, lui, n'était pas souvent à la maison. Soit au travail, soit à ses affaires, Ida ne comprenait pas vraiment bien en quoi consistait son travail et il n'était lui-même jamais clair sur le sujet devant Ida. Elle savait juste qu'il travaillait auprès de grandes personnes, des personnes importantes, qu'il lui arrivait de faire d'importants voyages en Angleterre, en Roumanie, en Russie, en Bulgarie, mais principalement en Angleterre. On ne lui expliquait pas en quoi cela consistait, partant du principe que cela ne concernait pas les jeunes filles, qu'elle avait mieux à faire comme apprendre à compter, apprendre à lire et à écrire. Son père, lorsqu'il était là, en revanche, lui apprenait à voler sur un balais, il avait même fini par imposer à Mme Thorsen ;
Je vois déjà peu ma fille, ainsi donc, lorsque je la verrai, je ferai ce qu'il me plaît de notre temps. Une chose était sûre avec mr Thorsen, lorsqu'il s'imposait, on évitait de le contredire. Ida n'avait encore jamais osé. Mr Thorsen était ce genre d'homme qui pouvait paraître calme et posé, mais lorsqu'il parlait, on ne parlait jamais en même temps. Lorsqu'il parlait, on se taisait, on écoutait. Il avait cette présence, cette prestance.
Mme Thorsen semblait aimer sa fille, bien qu'elle ne le montrait pas. Elle l'aidait dans ses apprentissages mais ne semblait pas avoir la patience de s'occuper d'elle lorsqu'il fallait jouer, lorsqu'il fallait donner signe d'affection. C'était une femme froide, qui avait été éduquée de manière strict, qui toute sa vie avait appris à contrôler ses émotions, ses sentiments. Cela paraissait donc hors propos de montrer des signes d'affection à sa fille. Pourtant, Ida en avait cruellement besoin. Mr Thorsen, lui, l'avait compris.
Père et fille développaient une relation père-fille qui exécrait Olga Thorsen, cela n'était pas ainsi qu'elle se voyait élever un enfant, ce n'était pas ainsi qu'elle se voyait avec sa fille. Père et fille étaient complice, notamment pour les activités comme le Quidditch. Mme Thorsen avait tort, agissant de la sorte, elle ne faisait qu'éloigner sa fille. Mr Thorsen avait raison, agissant de la sorte, sa fille se rapprochait de lui, elle écoutait tout ce qu'il disait, elle faisait tout ce qu'il lui demandait sans opposer de résistance, pensant qu'ainsi, son père serait fier.
Tout ce que faisait Ida n'avait pas l'air de suffire aux yeux d'Olga. "C'est bien, mais tu pourrais faire mieux." avait-elle pour habitude de dire. Non, elle n'était pas une femme patiente.
A onze ans, on lui parlait déjà des mages noirs. A onze ans, elle recevait une lettre pour sa prochaine rentrée. Une rentrée à Durmstrang. On lui avait dis beaucoup de choses sur Durmstrang mais la réalité était d'autant plus effrayante.
A son arrivée, elle trouvait les gens plus froids. Elle trouvait les gens plus rudes. Plus froid que la température extérieur en plein hiver. Se faire des amis n'était pas aisé. Elle mettait des mois avant de se faire une réelle place à Durmstrang, à vrai dire, ses premiers liens venaient quand elle était montée sur un balais avec les autres et qu'elle pouvait convenablement voler. Ce n'était plus comme ce petit balais que lui avait offert son père mais c'était un balais tout de même.
A sa seconde année, elle eut la chance d'entrée dans l'équipe de Quidditch de sa maison, l'attrapeur avait terminé ses études et il leur en fallait un nouveau. La compétition était toujours très rude à Durmstrang, mais elle parvenait néanmoins à assurer sa place, elle était fine, elle était rapide et surtout ; elle avait cette envie que son père soit fier d'elle si elle entrait dans l'équipe de Quidditch. Ce qui marchait. Contrairement à sa mère qui n'avait jamais été si déçue des choix de sa fille, lui répliquant ; une femme de ton rang, dans un sport si brutal ?
Outre le Quidditch, elle était douée dans les métamorphoses - douce ironie. En revanche les potions, la notion de "dosage" était très subjective pour Ida, de même que la notion "suivre une liste".
C'est dans cette seconde année qu'Ida se faisait réellement des amis, peu naïve, elle se doutait que ses talents d'attrapeuse n'y étaient pas pour rien, entrer dans l'équipe de quidditch était une grande chose.
Quand les jeunes filles, en troisième et quatrième années, commençaient à raconter leur déboires avec les garçons, Ida ne voyait en ces hommes que des compagnons de Quidditch ou des amis de classe, quand les jeunes filles racontaient leur histoires de coeur, Ida se sentait exclue de ces conversations. C'était étrange à ces yeux. Elle était naïve sur ce sujet, était-ce si intéressant que cela ? N'y avait-il pas mieux que ces sujets ?
Ida se montrait appliquée en cours de runes. Elle se montrait appliquée dans les cours de magie noir - il fallait aussi et surtout dire que son père ne lui laissait pas le choix là-dessus, si gentil avait-il été avec elle toutes ses années, sur ce sujet, il ne plaisantait pas.
C'est lors de sa dernière année, lorsqu'un match eut lieu contre l'équipe des Feuer, qu'elle se prenait un cognard en pleine tête, la plongeant quelque jours dans le coma. La beuglante de sa mère suite à cela l'achevait plus que le cognard ; sa mère lui sommait de ne plus jamais remonter sur un balais, chose fort attristante puisque c'était dans ce domaine qu'elle se considérait la plus douée, qu'elle pouvait s'évader, oublier toutes ces pensées.
Ses dons de métamorphomage, sa mère lui avait demandé de les éviter à Durmstrang. Qu'on ne la qualifie pas de "bizarre" ou d'autres termes. Mais si jeune, elle ne contrôlait pas ses colères et par conséquent ses changements de couleur de cheveux. Elle ne contrôlait pas encore cela, le manque d'entraînements et connaissances sur le sujet ; pouvait-on vraiment contrôler ça, le changement de couleur de ses cheveux ? Elle pouvait changer leur forme, elle pouvait changer son visage comme elle le voulait, mais se contrôler énervée, ça, c'était autre chose. Cela arrivait plus d'une fois et si ses camarades avaient sans doute remarqués, on ne lui en faisait pas mention. Quand Ida s'énervait, elle n'était pas jolie à voir. C'était que sous ses airs de poupées, elle pouvait se montrer très hargneuse, elle pouvait mordre, elle pouvait provoquer en duel - et peu lui importait de perdre ou non au final. Son comportement fougueux lui valait d'autres mots charmants de sa mère ; interdiction de s'afficher en public, elle reflétait l'image de la famille à Durmstrang et devant de grands sorciers, hors de questions de se montrer impertinente ou se faire remarquer par le directeur.
Après sept années d'études, elle obtenait ses diplômes. Elle pensait obtenir la liberté. Souvent, lors des périodes de liberté, elle sortait dans les villes. Elle rencontrait d'autres sorciers. Mais elle avait surtout rencontrer une sorcière. Emily. Emily avait la peau sombre, Emily avait des yeux noirs, des cheveux noirs. Emily était différente. Différente de toutes celles qu'elle avait rencontré jusqu'à ce jour. A la sortie de l'école, Ida avait pensée être libre de revoir comme bon lui semblait cette née-moldue, comment ses parents auraient-ils pu savoir qui elle fréquentait et quand ? Ida mit un moment à comprendre ses sentiments pour Emily, ces choses là étaient étrange pour elle, une étrange notion, abstraite. Mais quand elle se rendit compte qu'elle aimait Emily, elle avait l'impression que cela n'aurait de fin, surtout que c'était réciproque. Leur vie commune avait commencé naturellement bien que rapidement. Ida se pensait libre, Ida était naïve. Ce n'était pas mal à ses yeux de fréquenter des né-moldu, ce n'était pas mal à ses yeux de fréquenter une femme. Qui avait dit que c'était interdit et pour quelles raisons ? Elle n'avait jamais vu cela. Pour les nés-moldu, oh, ses parents le rabâchait sans cesse, mais une femme à un homme ? Cela semblait évident pour tout le monde, sauf pour elle.
Les nés moldus étaient indignes, impurs, ignobles, et tout le blabla. Ida l'avait entendu toute sa vie, cela semblait être une source de problèmes pour son père. Mais elle ne parvenait pas à se raisonner là-dessus.
La mère d'Ida eut l'envie de voir sa fille. Maintenant qu'elle avait ses diplômes et était adulte, elle devait travailler, elle devait trouver un époux convenable. Les contacts permettaient à Ida d'entrer au ministère de la magie, cela lui convenait. Mais la mère d'Ida eut tôt fait d'apprendre l'existence d'Emily ;
ma fille, une amie née-moldu ? impensable.
N'as-tu rien écoutée toutes ses années ? Elle avait su sa mère susceptible, impatiente, elle l'avait souvent vu déçue, attristée, mais cette fois-ci, sa mère était hors d'elle. Sa mère était dégoûtée ; comment sa fille pouvait-elle vivre avec "une amie" née-moldu ? Cela avait fait scandale. Et Ida dut revenir vivre chez ses parents. Si cela l'avait empêché de garder contact avec Emily ? Dans les premiers temps, non. Olga pensait qu'en ramenant Ida chez elle, au domaine familiale, elle couperait les ponts avec Emily. Mais non.
Il y eut une réunion chez elle. Son père, sa mère et elle.
" Ida, tu es grande désormais. Assez grande pour que l'on puisse parler de père à fille. "
" Oui, père ? "
" Il faut que tu comprennes une chose, Ida. Tout ce que l'on te dira est pour ton bien. Tu es notre fille. Tu dois savoir ces choses là. "
Sa mère ne la regardait pas. Il devait y avoir autre chose. Tourner le dos à sa fille pour un contact avec une née-moldu, n'était-ce pas extrême comme réaction ?
" Depuis des années, nous te parlons de l'importance du sang dans la société. Tu as été envoyée à Durmstrang, où tu as appris ce qu'était la vie d'un véritable sorcier de notre rang. Il faut que tu comprennes que nous ne devons avoir aucun lien avec ces traîtres. Les sangs-de-bourbe ne méritent pas notre attention, les traîtres sang-mêlé ne méritent pas notre attention. Notre société est en pleine défaillance et ce depuis des années. Les sangs-purs se marient au sang-mêlé ou pire, moldu ou né-moldu, une abomination. Nombreuses familles ont oubliés l'importance du sang mais cela ne doit pas arriver dans notre famille. Un grand sorcier, Ida, partage nos pensées. Un grand sorcier, Ida, a de grandes idées et ne désire que remettre au goût du jour l'importance du sang. Notre société n'a que trop oublié ces principes pourtant fondamentaux et cela ne peut continuer. "
" Mais qu'ont-ils fais, au juste ? "
Sa mère lui jetait un regard indigné.
" Cela fait des années que nous te l'expliquons, Ida ! Des années ! Ne comprends-tu rien à ce que l'on te raconte ?! Parlons-nous à un mur ?! "
" Je veux juste essayer de comprendre, mère, ce que l'on reproche aux moldus et aux nés moldus, rien de plus. On me dit sans cesse qu'ils sont horrible mais on ne me dit pas pourquoi ils le sont ... "
Sa mère perdait son sang froid et tapait sur la table, se levant.
" Tu demandes vraiment, Ida ?! "
Incrédule, Ida la regardait ; évidemment qu'elle le lui demandait. Elle avait vécue toute sa vie avec ces principes mais ne les avait jamais compris, était-ce mal de demander ? Olga la regardait comme si elle faisait face à une débile mentale.
" Je pensais que cela s'arrangerait lorsque tu entrerais à Durmstrang. Ta conduite est indigne, Ida. Tout sang-pur sait pourquoi nous sommes supérieur aux autres ! Nous sommes digne de la magie, nous sommes de digne descendants des premiers sorciers ! Notre magie est plus pure, plus forte, plus digne d'être utilisée ! Les autres ne sont que des usurpateurs ! Des fous ayant trouvés des baguettes et décrétant être magicien, comme un enfant jouerait avec une branche ! Ils ne savent pas ce que c'est, ils ne méritent pas de le savoir. Qu'ils restent à leur place et nous à la notre ! Nous ne leur avons rien demandé ! "
Ida tentait de comprendre cela. Elle essayait réellement mais ne comprenait pas. Elle se frottait l'arrière de la tête.
" Si tu ne comprends pas si aisément, ma fille, il faudra trouver d'autres moyens de te faire comprendre l'importance de ton sang. Mikkel, il est hors de question que nous échouons. Nous n'avons qu'une seule enfant, l'erreur est impardonnable et tu le sais. Si Ida commence à fréquenter une née-moldu, je crains que ce soit le début de la décadence. Je t'ai laissé faire pendant des années, voilà où nous en sommes ! Voilà qu'elle divague ! Qu'elle ne sait même pas ce qu'on lui enseigne depuis sa naissance ! Nous n'avons pas d'autres solutions et tu le sais, Mikkel. Il ne nous laissera aucune chance s'il voit que notre fille se pense égale aux autres. "
Ida ne comprenait rien à la conversation de ses parents ; visiblement, un certain homme n'aurait pardonné que leur famille ait un membre comptant des proches moldus ou nés-moldus, leur famille serait fichée, ridiculisée et pire encore. Il fallait reprendre le contrôle sur Ida, il fallait qu'elle comprenne l'importance que tout cela avait. Car les parents d'Ida voulaient être bien vu, avoir une place de choix auprès d'un certain grand sorcier, ils voulaient être irréprochable. Aux yeux d'Olga, tout reposait sur les épaules de leur fille, mais leur fille ne faisait que la décevoir, encore et encore. Des petites actions par-ci, des petites actions par-là, qui aux yeux d'Olga, étaient de trop, formaient un tout, un trop-plein.
Cela mettait des semaines avant qu'Olga n'en vienne à des choses plus fortes. L'impero était impensable chez certains. Moins chez Olga qui tenait fortement à sa place auprès des nouveaux grands mages partageant leur conviction ;
je ne laisserai personne se mettre en travers de ce chemin vers la grandeur de notre famille, pas même ma propre chair, mon propre sang. J'ai échoué, mais je rattraperai cet échec.Ida ne résistait pas à l'impero. Elle se sentait faire des choses pour sa mère, obéir à des choses, pourtant elle sentait au fond d'elle qu'elle ne voulait pas faire ces choses, qu'elle les faisait parce que sa mère le lui faisait faire mais qu'elle n'était plus maîtresse de son corps. C'était désagréable, mais cela ne faisait pas mal. C'était comme être enfermée dans son propre corps sans pouvoir contrôler ses mots et ses actes. Les effets finissaient par se dissiper tôt ou tard, c'est dans ces moments là qu'elle communiquait avec Emily. Elle lui manquait. C'était terrible dans ces moments de retour à la réalité, comme Emily lui manquait. A ce moment, elles n'avaient pas beaucoup vécues ensemble, mais cela avait été si doux et si simple pour Ida de vivre ces moments qu'elle les gardait précieusement dans un coin de son esprit.
Dans ces moments de lucidité, Ida échafaudait des plans pour quitter le domicile familiale. Ses dons lui seraient-ils utile ? Non. Se transformer alors qu'ils n'étaient que trois chez eux, quatre avec l'elfe de maison, cela aurait été vu à des kilomètres à la ronde. Transplaner ? C'était une bonne idée aussi, transplaner, elle avait son permis pour cela, depuis peu. Mais plus bêtement, c'était un balais qu'elle avait volé pour s'enfuir.
Ida ne comprenait pas la douleur qui l'avait assailli en voulant quitter le domicile familiale. La douleur corporelle, cette façon de se recroqueviller. Aussi, elle avait vu son père faire une chose qu'il n'avait jamais fais ; gifler Olga. La violence physique était rare chez eux, utiliser une baguette était mieux. Elle n'avait pas entendu le doloris, mais elle avait compris. Ida était tombée de son balais, à deux mètres du sol, c'était peu et le sortilège lui avait été plus douloureux que la chute. Sa mère venait-elle vraiment d'utiliser ce sortilège pour qu'elle ne s'enfuit pas ? En était-elle à ce niveau là, cette obsession là ? A nouveau, Olga grondait de colère ;
nous ne sommes que trop peu. Nous sommes de moins en moins, cet homme peut redorer notre blason, hors de question de laisser qui que ce soit empêcher ça, tu le savais, nous avons été marié pour cela à Mikkel Thorsen. Elle n'eut pour réponse que "tu es complètement folle, Olga. Complètement folle."
Elle l'était. Du moins, on pouvait le dire. Et Ida craignait sa mère plus que jamais, oser faire cela à sa fille ? Même Mikkel Thorsen semblait abasourdie d'une telle chose. Ida ne fût plus maîtresse d'elle pendant longtemps après cela. Que ce soit au ministère, jusqu'à une certaine limite - à son entrée et sa sortie, la journée se passant relativement normalement.
C'est après deux ans de bonne conduite, à ses vingt ans, qu'Ida put revoir en secret Emily. Et tout lui raconter. Être métamorphomage lui avait au moins permis de passer inaperçu dans la rue et jusqu'à son allée chez Emily. Personne ne l'avait reconnue. Emily avait ce don pour apaiser les souffrance d'Ida, lui faire garder les pieds sur terre, lui rappelait qui elle était. Ida oubliait tous ses soucis dans ses bras.
Elle tentait de revenir chaque soir après le travail, comme si de rien était et cela semblait fonctionner au début. Le second Doloris qu'elle recevait était lorsque sa mère se montrait moins naïve qu'Ida, ou plutôt, qu'Ida baissait sa garde. Le second pour punition, mais Ida en gardait des séquelles. Son père avait à nouveau pris sa défense, non pas pour avoir vu une moldue, mais que pareille sortilège ne devait pas être envoyé contre sa propre famille. On ne faisait pas cela à sa famille, ce n'était pas l'image que voulait Mikkel pour sa famille qu'une famille se torturant. S'il ne disait encore rien pour l'impero - c'était aussi une de ses propre idée, moins douloureux bien que frustrant et contraignant - l'autre sortilège que certains nommaient "impardonnable" était impensable au sein de sa famille.
En 1974, Ida fut mutée. Elle travaillait bien, sa mémoire était pitoyable mais ses collègues s'y faisaient, elle travaillait bien et on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas y mettre de la bonne volonté.
Durant ces années, Ida avait appris à être moins douce. Moins patiente avec les nés-moldus. Sa mère était convaincue d'avoir remis sa fille sur le droit chemin et lorsque celle-ci serait persuadée que sa fille avait bien compris, alors il serait temps pour elle de trouver un mari. Pourquoi pas avant, alors que le temps défilait ? Car Olga trouvait déraisonnable de présenter sa fille à un sang-pur d'une grande famille si sa fille déraillé et se mettait à dire que les nés-moldus étaient fréquentable. Hors de question d'entendre des remarques tel que "votre famille est tombée bien bas", le peu qu'ils étaient déjà suffisamment rabaissant, qu'ils doivent songer à marier leur fille à un Strøm, il ne manquait plus que ceux-ci aient des excuses pour rabaisser leur famille. Parfois, Olga avait l'impression d'avoir plus de hargne à remonter leur famille de la décadence que Mikkel. C'était surtout que Mikkel agissait en secret et avec les bonnes personnes et qu'il ne mettait pas Olga dans la confidence tant que rien n'était sûr. Le mage noir rassemblait des fidèles, des fidèles qui se faisaient reconnaître sous certains signes, le but de Mikkel était de faire parti de ces personnes. Il n'allait pas le crier sur tous les toits et la confiance envers sa femme était ébranlée, la confiance envers sa fille sur ce sujet... Il n'en avait pas. S'il aimait sa fille, il la savait imprévisible et plus fatalement, pratiquement perdue à leur cause. Mikkel sait l'influence qu'il a sur Ida et il lui arrive d'en user pour éviter d'autres moyens.
A Londres, Olga pensait être débarrassée d'Emily. Pourtant, Emily était bel et bien là. Ida avait son propre appartement, refusant de vivre au croché de ses parents plus longtemps, prétextant aussi que c'était mieux pour le travail qu'elle prenne peu à peu son indépendance. Que sa mère pourrait venir quand bon lui semblerait pour vérifier, elle pourrait même envoyer leur elfe de maison s'il le fallait. L'elfe de maison était très fidèle à Olga, c'était peu de le dire. Leur elfe de maison avait pour toujours suivi les Thorsen, mais l'elfe suivait toujours les plus fortes personnalités de la famille. Quand Mikkel était plus fourbe, Olga tapait perpétuellement du poing. Elle ne cachait pas sa rancoeur, elle ne cachait pas sa colère, sa haine, sa répugnance de tout ceux qui n'étaient pas purs.
Emily vivait dans l'appartement à côté de celui d'Ida. Bien souvent, c'est Ida qui allait chez elle. Cette situation ne pouvait plus durer et Emily lui faisait bien comprendre ; elles pouvaient s'enfuir, elles pouvaient partir, quitter ses parents, ne plus revenir ici. Se faire oublier. Mais Ida avait peur de ça. Ida n'y parvenait jamais. Elle était persuadée que sa mère ne la laisserait pas faire, qu'elle trouverait toujours un moyen. Outre pour Ida, c'était aussi invivable pour Emily une situation de ce genre, obligée de supporter les insultes des parents de sa compagne, quand les deux étaient ensemble depuis des années. Il fallait bien que cela cesse à un moment ou un autre. Ida n'osait jamais lui dire que cela aurait une fin lorsque ses parents lui auraient trouvés un mari.
Mais c'est en Juillet 1977 qu'elle fût fiancée à ce Strøm, Olga avait jugé qu'il était le bon moment pour cela, bien qu'un peu tard, il était enfin temps pour elle. En Juillet 1977, les parents respectifs jugeaient bons de fiancer Sander Strøm et Ida Thorsen. Et depuis 3 mois, Ida cherche à trouver la façon de l'annoncer à Emily. Les fiançailles pouvaient être défaites, Ida cherchait un moyen à cela... Tous les moyens, même. Ida est maladroite et ce n'est un secret pour personne, il ne fera donc sans doute pas exception de cette annonce à sa compagne. Entre temps, Ida doit gérer ses affaires au ministère de la magie. Sa maladresse est connue de ses collègues qui se montrent étrangement patient avec elle. Tout comme sa compagne, ses collègues l'aident -sans toute fois qu'eux le sachent - à garder les pieds sur terre, sur le cas des nés-moldus avec qui il lui arrive de travailler. Ses mots dépassent parfois sa pensée, il lui arrive de les vexer en les insultant sans même le vouloir, mais elle a tôt fait de s'excuser, avec toujours cette maladresse. Dans son bureau, il y a toujours des pâtisseries ou sucreries qu'il lui arrive d'offrir ou de manger.