25 décembre 1971Remus ouvrait les cadeaux que ses parents lui avaient envoyé. La pleine Lune s’était déroulée le 23, il n’avait donc pas pris la peine de rentrer chez lui pour les vacances, se sachant plus en sécurité à l’abri de la Cabane Hurlante. Il était resté toute la journée du 24 à l’infirmerie, et Lily Evans était venue prendre de ses nouvelles. Il avait inventé qu’il était tombé le long de l’escalier en colimaçon de son dortoir, d’au moins quelques étages. Il était seul depuis quelques jours puisque ses camarades de chambrée étaient tous rentrés chez eux pour les vacances, et voir une tête familière, même à l’infirmerie, lui avait fait plaisir. Au petit déjeuner du vingt-cinq, un pansement lui barrant le torse que personne n’aurait su deviner, il était allé s’assoir à côté de Lily, trouvant comme excuse des remerciements, qu’il lui adressa pour être venu le voir à l’infirmerie. Finalement, son premier Noël à Poudlard ne s’était pas déroulé d’une manière aussi terrible que ce qu’il avait craint.
25 décembre 1972Cette année-là, Remus était rentré chez lui. Ses parents l’avaient serré dans leurs bras et, le soir du vingt-quatre, Hope avait cuisiné un excellent repas, avec l’aide des ustensiles magiques de son mari. Remus s’était endormi inquiet, comme depuis plusieurs jours, à cause de quelque chose qui le tracassait à Poudlard : il sentait que les garçons qui dormaient avec lui dans le dortoir s’approchaient de la vérité quant à son secret. Bientôt, ils le devineraient, et si Remus craignait qu’ils ne le répètent à d’autres, il mourrait surtout de peur de les perdre. James, Peter et Sirius étaient ses premiers amis au Château, et les perdre serait difficile.
Le lendemain matin, en dessous du sapin, il trouva les cadeaux de ses parents, mais aussi quelques cartes, visiblement apportées par des chouettes durant la nuit. Mr et Mrs Lupin n’avaient pas vu leur fils sourire autant depuis un moment, alors qu’il lisait les cartes de Noël de ses amis à Poudlard, visiblement bien plus ému par ces courriers que par les cadeaux qu’eux avaient bien pu lui faire. Parmi les noms des jeunes sorciers qui faisaient sourire leur fils, ils pouvaient lire James Potter, Sirius Black ou encore Lily Evans, et, silencieusement, ils ne purent s’empêcher de les remercier.
25 décembre 1973Les récemment nommés
Maraudeurs avaient décidé ensemble qu’ils resteraient à Poudlard pour les fêtes de Noël. Ils n’avaient quasiment pas dormi de la nuit, parce qu’ils avaient passé toute la soirée à échafauder leur plan pour le lendemain, et qu’ils s’étaient réveillés tôt, juste après le passage des Elfes, pour le mettre à exécution. Quand les premiers élèves de la tour des Gryffondors se réveillèrent ce matin-là, ils n’en crurent pas leurs yeux. Toute la Salle Commune des Rouge et Or était illuminée par des centaines de bougies, des guirlandes recouvraient murs et plafond et au sol, il y avait de la neige, ou en tout cas, un tapis de flocons blancs dont la seule différence avec la neige était celle qu’ils n’étaient pas froids et qu’ils ne fondaient pas. Ça avait été le plus difficile, bien sûr, mais du haut de leur treize ans, James, Sirius, Peter et Remus y étaient parvenus : ils avaient enneigé leur salle commune.
Les visages des élèves qui descendaient petit à petit de leur chambre étaient, pour Remus, le plus beau des cadeaux. C’était lui qui avait poussé ses amis à faire ça : après des dizaines de farces qui leur avait valu l’énervement de leurs camarades rouge et or, il fallait faire quelque chose pour les apaiser. Même le préfet de septième année n’avait pas semblé trop énervé : après tout, rien ne stipulait dans le règlement de Poudlard qu’il était interdit
d’enneiger sa salle commune, n’est-ce pas ?
Remus avait observé la tête qu’avait fait James quand Lily Evans était enfin descendue de son dortoir jusqu’à la Salle Commune. Les maraudeurs le savaient tous : c’était pour elle, en particulier, qu’il avait accepté de faire ça. Remus était néanmoins celui qui avait fait le premier pas vers la jeune fille, bien plus détendu que James qui était visiblement très gêné de la situation. Remus s’était approchée de la rousse dont il parlait dans ses lettres avec ses parents comme d’une amie, en lui demandant, un énorme sourire heureux sur leur visage, comment elle trouvait leur travail. Alors que les deux discutaient vivement, il la rapprocha nonchalamment de James Potter… Ils discutèrent tous les trois un moment, avant que Remus ne voie d’un coin de l’œil Sirius et Peter lui faire signe : il était peut-être temps de les laisser papoter tous les deux, les pieds dans la neige.
25 décembre 1974Encore un Noël à la maison – le dernier, avait-il décidé. Ça le déprimait trop, d’être là. Sa mère enchaînait les boulots pour subvenir à leurs besoins et n’était de toute façon jamais là, tandis que son père le regardait toujours avec un regard désolé. Rester avec eux quelques jours pouvaient être agréable, parce que reposant, mais il finissait toujours par mourir d’impatience de rentrer à Poudlard.
Alors qu’il ouvrait les cadeaux que ses amis lui avaient envoyé, il se demandait ce qu’eux avaient pensé des siens. Remus n’était pas très fortuné, il n’avait pas pu se permettre de beaucoup dépenser pour eux. Quand il voyait ce que James et Sirius lui avaient offert, il se sentait un peu pitoyable. Quand vint le moment d’ouvrir le cadeau de Lily, un immense sourire s’afficha néanmoins sur son visage. Elle lui avait offert la dernière édition de l’Histoire de la Magie, par Bathilda Tourdesac, qui venait de sortir. Lui aussi, avait choisi pour elle ce cadeau.
25 décembre 1975Remus et Peter étaient les deux seuls de leur dortoir à ne pas être rentrés chez leur parents pour Noël, plus ou moins pour les mêmes raisons. Ils avaient littéralement habité la Salle Commune pendant toutes les vacances, puisqu’ils étaient de toute façon quasiment presque les seuls à être encore là pour la fréquenter. Evidemment, les BUSE approchaient, Remus avait donc beaucoup travaillé, tandis que Peter avait passé ses journées à s’entraîner pour la métamorphose d’Animagus. Il était le seul à ne pas le maîtriser parfaitement bien. Remus était accompagné à sa table de travail par Lily qui, elle non plus, n’était pas rentrée chez ses parents. Le 24 au soir, ils étaient allés faire un tour dans le château après le dîner, utilisant comme prétexte leur ronde de préfets, bien inutile en des temps pareils. Presque tendrement, Lily lui avait posé la question. Il ne savait déjà plus comment elle avait formulé ça, car ça n’avait pas eu d’importance : ce qu’il avait retenu, c’est qu’elle avait demandé sans peur, presque en sachant déjà la réponse. Ça lui avait rappelé les Maraudeurs, quand eux aussi, lui avait demandé. « Es-tu un loup-garou, Remus ? » Il gardait en mémoire ce jour-là comme un des meilleurs de sa vie, et il garderait la veille du Noël de 1975 comme un autre de ces meilleurs moments. Maintenant, tous ceux qui comptaient vraiment savaient, tous ses meilleurs amis. Il était le plus heureux des loup-garous qui avaient parcourus cette Terre, il en était certain. Le 25, c’était les yeux brillants de joie qu’il avait tendu son cadeau à Lily, certain qu’elle comprendrait qu’avec cet artefact matériel, il lui offrait aussi toute sa reconnaissance.
25 décembre 1976Ils étaient tous là, cette fois-ci, pour le Noël de leur sixième année. Sirius ne rentrerait plus jamais chez les Black, Peter avait abandonné l’idée à peu près en même temps que Remus, et James ne pouvait pas rentrer si tous ses meilleurs amis restaient. Après le dîner, ils s’étaient assis dans la Salle Commune, toujours plutôt vide en ce temps-là de l’année, choisissant même les meilleures places : celles autour du feu. Les filles les avaient rejoints, particulièrement Lily, sans qui Remus n’imaginait plus Noël. Ils avaient joué aux cartes, avaient fait tourner quelques bières au beurre, et s’étaient rappelés quelques souvenirs de leur tendre jeunesse. Leurs liens, à tous, n’avaient jamais été aussi forts. Tous se connaissaient intimement, après plus de cinq ans passés collés les uns aux autres. Remus avait juré qu’il n’oublierait jamais ce Noël, passé auprès de ceux qui étaient ses amis les plus proches. Ils étaient sa famille, ses frères et ses sœurs. Qu’ils partagent ou non le même sang ne changeait pas grand-chose. Il avait l’impression que rien ne pourrait le séparer de Sirius, de James, de Lily, de Peter, de Marlène, de Mary, d’Eve. Ils étaient jeunes et la guerre était loin.
Au bout d’un moment, tous commencèrent à somnoler les uns sur les autres. Remus s’était laissé tomber contre l’accoudoir d’un canapé, et contre lui s’était appuyée Lily et son gros pull en laine. Tout était parfait.
25 décembre 1977, 78, 79, 80Yet to be written …
25 décembre 1981La douleur que ressentait Remus était indescriptible, peut-être même pire que celle qu’il avait ressentie le 1 novembre, au petit matin. Enfermé dans sa chambre, prostré contre un mur, assis sur son lit, il n’avait laissé personne rentrer. Tous ses membres tremblaient comme s’il était pris de fièvre, et les larmes coulaient sans s’arrêter, creusant des sillons salés le long de ses joues. Jamais ne s’était-il senti aussi seul de toute sa vie, aussi entouré pouvait-il être. De l’autre côté de la porte, il savait qu’il trouverait ses parents et sa petite amie, mais en cet instant, ils n’étaient rien. Peut-être était-ce pour ça qu’il ne voulait pas les voir. Il les détestait, parfois. D’être vivants quand
eux ne l’étaient pas. Evidemment, il ne les haïssait pas autant qu’il se haïssait lui, d’être le dernier survivant. Quelle pire souffrance que celle de survivre à tous ses amis ? Quelle pire souffrance que de voir ceux qu’on considère comme ses frères et ses sœurs tous disparaître en une nuit ?
La guerre était arrivée et avait emporté avec elle jusque l’esprit de Noël. Voldemort avait pris James et Lily, et indirectement, il avait pris Sirius et Peter. Tout était allé si vite, il n’avait pas pu se préparer, il n’avait pas pu anticiper la douleur qui le prendrait jusqu’aux tripes quand il allait réaliser qu’il les avait tous perdus, et qu’il allait devoir passer son premier Noël sans eux. La douleur était encore si vive, ce n’était que deux mois auparavant qu’il avait vu pour la dernière fois James et Lily, il avait même vu Peter et Sirius le jour où tout avait basculé. Rien ne présageait cela, pas un tel massacre, en tout cas. Les corps de James et Lily, terrassés par un Avada Kedavra. Les si beaux yeux verts de Lily qu’il avait fallu fermer, pour la dernière fois, car elle était morte les yeux ouverts. Et James, dont il avait fallu retrouver la baguette dans les décombres de la maison… Il avait envie de vomir rien qu’à y repenser. Il ne laissait même pas ses pensées se torturer à essayer de comprendre ce qu’il s’était réellement passé pour que Sirius termine en prison. Lui aussi devait se sentir
tellement seul, et malgré tout ce qui l’accusait, Remus ne parvenait à le croire coupable. Mais qu’était-il arrivé à Peter, alors, au malheureux Peter dont on n’avait retrouvé que trois doigts ?! Tant de destruction, en une nuit, et tout qui semblait ressurgir en ce jour de Noël.
Remus ne se souvenait pas du dernier Noël qu’il avait passé sans recevoir au moins une carte de Lily. Maintenant, il se surprenait à avoir oublié le son de sa voix, et à passer des heures à relire les lettres qu’ils s’étaient envoyés, pour tenter de l’entendre entre les lignes. Se relevant difficilement, il attrapa sa baguette, se recouvrit d’un manteau, et ferma les yeux, pour se concentrer et arrêter ses sanglots. Des larmes coulant toujours le long de ses bras, il transplana maladroitement, pour arriver au 4 Privet Drive. Discrètement, il fit le tour de la maison, qu’il savait être celle où vivait la preuve de l’existence, et surtout de l’amour, de James et Lily Potter. Jetant de regards peut-être trop instants depuis l’extérieur, le visage caché par un hideux rideau jaune, Remus n’eut aucun mal à reconnaître le petit Harry Potter qui, du haut de ses un an et demi, fut le seul qui parvint à le faire sourire en ce jour funeste. Par Merlin, comme il ressemblait à James, c’était incroyable. Il avait tellement grandi, déjà. Ses cheveux noirs, les traits de son visage, tout rappelait à Remus celui qui avait été, pendant les dix années les plus merveilleuses de sa vie, son meilleur ami. Tout, sauf les yeux, bien sûr, qui étaient maintenant plantés dans ceux de Remus. Evidemment, Harry était le seul à avoir vu Remus, caché-là, sous la neige, derrière la fenêtre. Ses grands yeux verts étaient venus scruter ceux, gris et rougis par les pleurs, d’un homme qu’il croyait reconnaître. Remus se laissa aller à un véritable sourire alors que le visage d’Harry s’effaçait pour laisser apparaître, depuis ces grands yeux verts, celui de Lily. Il n’aurait pas besoin d’acheter une pensine, finalement, pour entendre à nouveau la voix de sa meilleure amie. Il lui suffirait, à l’avenir, de plonger ses yeux dans ceux de son fils, et il l’entendrait.
- bonus:
Regarde ces gifs : pour une demie-seconde, Sirius et Remus ont cru voir James et Lily en la figure de leur fils, Harry.